Nos téléphones, ordinateurs et véhicules électriques reposent sur des fondations communes : les minerais stratégiques – cobalt, nickel, lithium ou coltan.
Indispensables à la transition technologique, ces ressources dissimulent pourtant une réalité bien plus sombre : travail forcé, exploitation d’enfants, déplacements de populations, financement de groupes armés.

La transition que nous voulons porteuse de progrès ne peut se construire sur la violation des droits humains. Cet enjeu social majeur, nous choisissons de l’affronter plutôt que de détourner le regard.

Un impact social souvent invisible

La plupart de ces minerais proviennent de zones à haut risque, où pauvreté, corruption et instabilité politique favorisent toutes les dérives.
En République Démocratique du Congo, qui fournit près de 70 % du cobalt mondial et une part importante du coltan, l’extraction est souvent artisanale, dans des conditions indignes :

  • travail sans protection, parfois dès l’enfance ;
  • exposition à des poussières toxiques ;
  • effondrements mortels dans les galeries ;
  • violences exercées par des groupes armés contrôlant certaines zones minières.

Le coltan, utilisé dans les smartphones, ordinateurs et consoles de jeux, en est devenu le symbole.
Sa commercialisation alimente parfois des conflits, au même titre que l’or, l’étain ou le tungstène, classés parmi les “minerais de conflit”. Ces trafics entretiennent un cycle de violence et de misère, pendant que des milliers de travailleurs risquent leur vie chaque jour.

Et ces réalités dépassent largement les frontières congolaises :

  • aux Philippines, l’extraction du nickel détruit des écosystèmes entiers et marginalise des communautés rurales ;
  • en Afrique du Sud, l’exploitation du platine et du manganèse accentue encore les inégalités sociales.

La chaîne de valeur technologique traverse donc des zones d’ombre qu’aucune entreprise responsable ne peut ignorer.

Assumer toute la chaîne, du code à la mine

Nos métiers reposent sur la technologie. Cela nous confère une responsabilité directe et indirecte quant aux conditions dans lesquelles ces minerais sont extraits.

Les réglementations sur le devoir de vigilance se renforcent, mais au-delà des textes, il s’agit d’une question de cohérence :
on ne peut pas défendre des valeurs sociales fortes ici, tout en fermant les yeux sur ce qui se passe là-bas.

C’est aussi une certaine vision de la société contributive : celle qui reconnaît et assume ses externalités, maximise ses impacts positifs et réduit les négatifs. Une société qui cherche à réconcilier les entreprises avec la Société.

Nous ne pouvons pas garantir aujourd’hui que le matériel informatique que nous utilisons soit totalement exempt d’exploitation humaine.
C’est pourquoi nous avons choisi d’agir avec celles et ceux qui, depuis des années, enquêtent, alertent et défendent les travailleurs sur le terrain.

Notre partenariat avec Amnesty International France

Depuis 2025, nous avons un établi un partenariat officiel avec Amnesty International France.

Il repose sur deux piliers :

  • un audit de 4 à 8 semaines, conduit par les équipes d’Amnesty, pour analyser nos pratiques et valider notre éligibilité à ce partenariat ;
  • un soutien financier et opérationnel à leurs actions de plaidoyer pour la défense des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement technologiques.

Nous y avons ajouté un engagement concret d’amélioration continue :

  • Intégrer des indicateurs sociaux dans nos achats stratégiques ;
  • Mettre en place un dispositif d’alerte sur notre site internet, accessible à toute partie prenante ;
  • Renforcer la lutte contre la corruption, notamment via notre adhésion au Forum des Entreprises Engagées, car sans corruption, il n’y a plus d’argent “sale” et donc moins de risques d’exploitation.

Cet engagement ne nous protège pas : il nous engage.
Il nous pousse à questionner nos pratiques, à exiger la même rigueur de nos partenaires et à faire preuve de transparence sur nos progrès comme sur nos limites.

Aucune organisation, aussi vertueuse soit-elle, n’est parfaite.
Mais dans ce domaine, l’imperfection n’est pas une option : aucune innovation n’a de sens si elle repose sur la souffrance de celles et ceux qui la rendent possible.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Parce qu’il est essentiel de comprendre ce qui se joue derrière nos écrans, voici quelques ressources pour approfondir le sujet :

 

Lectures / rapports

  • Amnesty International France:
    • Article du Sustainability Magazine: Amnesty International: The Human Cost Behind Clean Energy

https://sustainabilitymag.com/articles/the-link-evs-the-cobalt-rush-unrest-in-drcc-csddd

https://www.amnesty.org/fr/documents/pol10/8515/2025/fr/

https://www.business-humanrights.org/fr/derni%C3%A8res-actualit%C3%A9s/rdc-selon-un-nouveau-rapport-lextraction-industrielle-de-cobalt-et-de-cuivre-entraine-de-graves-atteintes-aux-droits-humains/

 

Documentaires / films

  • ARTE — “Cobalt, l’envers du rêve électrique” (2022, 86 min) :

https://www.arte.tv/fr/videos/093032-000-A/cobalt-l-envers-du-reve-electrique/

  • France 24 — Coltan, commerce sanglant (dossier/chroniques actu) : https://www.france24.com/fr/%C3%A9missions/dans-la-presse/20250604-rdc-les-for%C3%A7ats-du-coltan-%C3%A0-l-ombre-des-fusils-du-m-23?utm_source=chatgpt.com
  • Le sang et la boue – film co-financé par notre partenaire Impact Film

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=300431.html

 

Sites et ressources de référence

  • Amnesty International France → campagnes et actions sur les droits humains et la responsabilité des entreprises.

https://www.amnesty.fr

  • Global Witness → enquêtes sur la corruption et l’exploitation des ressources naturelles.

https://www.globalwitness.org/fr/

  • Human Rights Watch → rapports régionaux sur le travail forcé et les violations de droits humains.

https://www.hrw.org/fr/blog-feed/la-rd-congo-en-crise

  • Business & Human Rights Resource Centre → base de données mondiale sur les pratiques et contentieux d’entreprises.

https://www.business-humanrights.org/fr/