Davidson consulting s'associe au Shift Project pour explorer l'impact environnemental du numérique

L’urgence climatique nous pousse à une profonde introspection concernant l’impact environnemental de chaque secteur d’activité. Les objectifs ambitieux des accords de Paris, visant à limiter le réchauffement global à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, exigent une réduction immédiate et significative des émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines. Le secteur numérique, dont les émissions ont été longtemps sous-estimées, devra prendre sa part. 

En tant que moteur de l’activité industrielle et de la révolution des communications à l’échelle mondiale, le développement du numérique présente tout à la fois une opportunité de transition écologique et un risque accru en termes d’impacts environnementaux. En effet, de nouveaux usages peuvent intensifier la consommation d’énergie, d’eau et de ressources non renouvelables, engendrer des pollutions, impacter la biodiversité et augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Ajoutons que qu’il existe un phénomène de boucle infinie : le développement de nouvelles infrastructures permet l’apparition de nouveaux usages qui peuvent inciter au renforcement des infrastructures. 

Dynamique de l’effet d’offre et l’effet d’usage et impact sur les infrastructures et les usages (The Shift Project, 2024)

 

Côté Davidson, nous sommes ainsi convaincus que l’innovation n’est un progrès que si elle repose sur une démarche responsable, intégrant toutes les dimensions de ses impacts sur le vivant. C’est pourquoi nous sommes fiers de nous associer au Shift Project, think tank français de référence sur la question de la transition énergétique et la libération de la contrainte carbone, pour la réalisation de deux rapports sur l’impact des technologies numériques.

Le Shift Project et Davidson : une association au service d’une vision commune de la technologie

 

Depuis des années, les travaux du Shift Project nous inspirent et nous sensibilisent sur l’état actuel du monde ainsi que sur l’ampleur des changements nécessaires dans nos sociétés pour opérer la transition énergétique et écologique.

Le premier rapport dédié au numérique, “Lean ICT : Pour une sobriété numérique”, publié en 2018 nous présentait l’état des lieux du système numérique dans le monde et différents scénarios d’évolution de son impact.

“[…] les impacts environnementaux directs et indirects (effets rebond) liés aux usages croissants du numérique sont systématiquement sous-estimés, du fait de de la miniaturisation des équipements et de « l’invisibilité » des infrastructures utilisées. Le risque est réel de voir se réaliser un scénario dans lequel des investissements de plus en plus massifs dans le numérique aboutiraient en fait à une augmentation nette de l’empreinte environnementale des secteurs numérisés – ce qui, en pratique, se constate déjà depuis plus d’une décennie.” – Résumé aux décideurs, Lean ICT : Pour une sobriété numérique. p.1.

Ce premier constat sur l’empreinte environnementale de notre activité a été le début d’une profonde réflexion sur nos impacts et la capacité de tout l’écosystème numérique à inscrire son futur dans le périmètre des 9 limites planétaires.

Deux rapports pour éclairer les enjeux environnementaux du numérique

Depuis 2023, Davidson a intégré les groupes de travail du Shift Project afin de produire deux rapports, publiés et présentés le 28/03/2024. Nous avons mobilisé deux ingénieurs experts en conception d’infrastructures de télécommunications et en architecture de services numériques. Ils sont formés aux enjeux environnementaux et ont développé une approche basée sur la vision en cycle de vie. Deux problématiques distinctes ont été abordées.

1.QUELS MONDES VIRTUELS POUR QUEL MONDE REEL ?

Il s’agit d’un travail sur les conditions d’existence des mondes virtuels relativement aux contraintes énergie-climat. L’ambition est de documenter la manière dont les promesses et projections de nouveaux usages peuvent enclencher le déploiement de certaines trajectoires dans les choix de développement d’infrastructures numériques.

L’annonce d’investissements massifs dans les métavers en 2021 et l’enthousiasme croissant au niveau national et européen pour les technologies immersives imposent de s’intéresser à la question.

Radar Caractéristique – Orientation technologiques des mondes virtuels (The Shift Project, 2023)

Le premier résultat du groupe de travail consiste en une matrice d’évaluation pour les décideurs, représentée ci-dessus. Elle traduit les caractéristiques des mondes virtuels en orientations technologique, et permet d’associer des promesses délivrées par les mondes virtuels en des impact conséquentiels sur le système numérique et ses infrastructures.

Il apparaît que certaines combinaisons de caractéristiques des mondes virtuels ne sont pas compatibles avec une maîtrise de l’impact du système numérique. Par exemple, combiner l’immersion, la simultanéité et la mobilité induit une forte pression sur les capacités et les spécifications des infrastructures réseaux (comme dans le cas de la visioconférence immersive).

Scénarios prospectifs d’évolution des émissions de GES en fonction de l’adoption des usages des mondes virtuels “Meta-métavers” et “Meta-conférence” (The Shift Project, 2023)

On constate que l’adoption des technologies et l’évolution des infrastructures nécessaires à l’existence d’un Métavers tel que défini dans le scénario “Meta-métavers” fait évoluer l’empreinte climatique du système numérique en le rapprochant du scénario actualisé “Growth”, défini dans le rapport Lean ICT : Pour une sobriété numérique de 2019.

Entériner le déploiement indifférencié des mondes virtuels aurait pour effet de consolider les dynamiques aujourd’hui insoutenables du numérique, en le plaçant sur une trajectoire d’impact représentant près de 7 % des émissions carbone mondiales en 2030, au plus proche du scénario le plus alarmant de ceux modélisés en 2021 par le Shift Project.

Si vous souhaitez en savoir plus, retrouver le rapport en intégralité en cliquant ici !

https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2024/03/The-Shift-Project-Quels-mondes-virtuels-pour-quel-monde-reel-Rapport-final-2024.pdf

Et la fiche synthèse :

https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2024/03/Synthese-Mondes-virtuels-The-Shift-Project.pdf

2. DES RESEAUX SOBRES POUR DES USAGES CONNECTES RESILIENTS

Il reprend notre travail sur les infrastructures réseaux et les stratégies à mettre en œuvre pour les rendre résilientes à la double contrainte carbone.

Les réseaux constituent le deuxième tiers du système numérique, représentant entre 12 % (The Shift Project, 2021) et 25 à 35 % de l’empreinte carbone du numérique dans le monde (Freitag C. et al., 2021; Malmodin J. et al., 2023), et 5,5 % en France (ADEME & Arcep, 2023).

Ils occupent une position centrale dans le système, et leurs trajectoires sont le résultat d’orientation décidées très en amont, notamment à travers des choix politiques et réglementaires structurants (ex : Plan Très Haut Débit en France ou obligations de pourcentage de couverture de la population fixées aux opérateurs mobiles par le régulateur ARCEP).

Dans ce rapport, nous développons un nouveau modèle Energie-climat spécifique aux réseaux mobiles, dans une approche territoriale sur le périmètre Français mais pouvant être étendu à l’échelle Européenne.

Il permet de traduire des scénarios et orientations de déploiement en trajectoires chiffrées.

Il a vocation à éclairer les réflexions des acteurs publics et privés en la matière, en France et en Europe. Ce modèle permet de quantifier les conséquences énergie-climat des choix de déploiement : adéquation technologique (débit, latence, fréquences et bandes, performance énergétique, etc.), couverture en population et en superficie, contrainte réglementaire (couverture des routes, débit minimal etc.), besoins en capacité.

 

En se penchant sur les chiffres apportés par le modèle, on retient que le déploiement indifférencié et l’adoption d’usages intensifs comme le Métavers nous conduit sur une trajectoire engendrant un surcout carbone de 20% et une augmentation de 4TWh de la consommation électrique des réseaux mobiles.

Si vous souhaitez en savoir plus, retrouver le rapport en intégralité en cliquant ici !

https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2024/03/The-Shift-Project-Strategie-pour-des-reseaux-numeriques-sobres-et-resilients-Rapport-final-2024.pdf

Et la fiche synthèse :

https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2024/03/Synthese-Reseaux-The-Shift-Project.pdf

CE QU’IL FAUT RETENIR DE CES DEUX RAPPORTS

  • La pérennité de nos usages essentiels ne sera garantie qu’en adaptant le système numérique à la double contrainte carbone, ce qui implique de maîtriser les volumes d’équipements et les volumes de données.
  • Positionner nos choix technologiques vers la sobriété numérique n’est pas seulement une réponse à des contraintes physiques, mais une opportunité de définir une nouvelle direction autour de laquelle structurer un véritable écosystème numérique européen pour le 21ème siècle.

Lien vers les rapports : https://theshiftproject.org/article/mondes-virtuels-reseaux-publication-des-rapports-finaux/