Merci à tous les participants de cette 2ème édition du mois de l’impact : speakers, Davidsonien(ne)s, client(e)s, curieux(ses) ! L’avenir de notre planète se joue à l’heure actuelle, et nous nous devons de relayer cet état d’urgence absolue pour le Vivant dans lequel nous nous trouvons ! Pour celles et ceux qui n’ont pas pu participer : petit compte-rendu des quatre soirées thématiques qui ont constitué ce cycle 2023 avec l’ensemble des replay !

Conférence 1 : l’entreprise contributive, comment concilier le monde des affaires et les limites planétaires ? – animée par Fabrice Bonnifet

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Fabrice BONNIFET (Directeur Développement Durable & QSE de BOUYGUES SA) a accepté notre invitation pour nous partager sa vision de l’état actuel du monde et des mouvements au sein des entreprises.  

Dans son ouvrage « L’entreprise contributive » il tente de répondre à cette problématique : « Comment passer de l’illusion de la croissance infinie dans un monde fini en ressources, à la réalité d’une abondance frugale dans un monde inclusif et décarboné ? » Il nous indique qu’il a souhaité écrire ce livre pour « savoir », comment faire du business autrement  et non rédiger une énième édition sur le « pourquoi », afin de donner des clés aux entreprises pour qu’elles puissent prendre le virage le plus vite possible en conciliant monde des affaires et les limites planétaires.

Nous devons sortir rapidement du modèle « plus on pollue plus on gagne de l’argent ». L’entreprise contributive est un concept presque utopique qui ne concerne que très peu de sociétés dans le monde. Elle repose sur cinq piliers

  1. L’alignement sur les faits scientifiques: il est nécessaire d’établir son plan d’affaires à partir des limites planétaires en tenant compte des flux et matières disponibles. Pour survivre, nous devons nous resynchroniser au vivant. En clair, nous devons arrêter d ‘émettre plus de Co2 que ce que la planète peut absorber naturellement et intégrer les contraintes des impacts environnementaux dans nos modèles économiques.
  2. La raison d’être au service du bien commun:  nous devons faire en sorte de rester vivant avec une lucrativité maitrisée. Nous devons nous poser les bonnes questions : « Qu’est ce qui manquerait à l’humanité si mon entreprise n’existait pas ? Qu’est ce qui irait mieux si mon entreprise n’existait pas ? »
  3. Le modèle d’affaires contributif: nous devons mettre fin au modèle d’affaires linéaire avec des produits à obsolescence programmée, dans un système de possession qui incite à l’hyper consommation en se basant sur l’économie de génération des besoins pour aller vers un schéma perma-circulaire qui sera basé sur l’économie de l’usage et non sur celle de la possession en incitant à une consommation sobre et responsable, afin de fabriquer moins et de passer à une stratégie de partage, de solidarité et d’entre-aide. Cela permettra de faire baisser la pression sur les ressources. La vraie liberté de demain sera de pouvoir jouir de tout sans tout posséder.
  4. Le système de management par la valeur perçue: nous allons devoir revoir notre système de management, afin de donner confiance à nos collaborateurs. Il va falloir innover et récompenser les collaborateurs de manière différente en leur laissant plus de temps pour s’épanouir en dehors de la sphère professionnelle. Les 10% des plus riches émettent 49% des émissions de gaz à effet de serre. Ils vont devoir se modérer et accepter de gagner moins d’argent pour être plus durables, en intégrant dans leurs coûts la régénération de leurs ressources et la préservation de l’environnement.
  5. La valorisation de l’immatériel: le dernier pilier de l’entreprise contributive est la comptabilité. Il faut arrêter de compter la valeur avec un système comptable inventé au 16ème siècle où l’on prend en compte uniquement ce que l’on gagne mais pas ce que l’on doit investir pour réparer ce que l’on dégrade. Notre système doit devenir multi-capitaliste, avec trois capitaux à maintenir : financier, naturel et humain.

Nous faisons face à un capitalisme heureux qui a atteint ses limites. Aujourd’hui les entreprises doivent se poser la question « Comment continuer à créer de la valeur en arrêtant de compter uniquement ce qu’elles gagnent mais en comptant aussi ce qu’elles doivent ? ». Pour cela, elles doivent considérer les dégâts collatéraux qu’elles génèrent via les externalités négatives, arrêter de saccager le vivant, le climat et la biodiversité. Il faudra plusieurs générations pour laisser une planète viable.

Conférence 2 : la crise de l’énergie actuelle, quels sont les enjeux énergétiques de demain ? – animée par Maxence CORDIEZ

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Pour notre deuxième conférence, nous avons donné rendez-vous à Maxence Cordiez, ingénieur au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), enseignant à l’université PSL et membre du comité des experts « Connaissance des Énergies ».

Le monde a beaucoup évolué au cours des deux derniers siècles.  Tout a changé : les logements, les niveaux de température, les moyens pour se déplacer et même la façon de s’habiller. Ces évolutions s’expliquent avant tout par des raisons énergétiques. En physique, l’énergie c’est ce qui quantifie un potentiel de transformation. Dès que tout n’est pas parfaitement froid et immobile dans l’univers il y a des transferts énergétiques.

L’énergie se trouve sous différentes formes : thermique (chaleur), mécanique (mouvement), chimique (nucléaire) et électromagnétique (rayonnement du soleil). La difficulté d’accès à l’énergie mécanique a limité notre développement pendant l’essentiel de notre histoire. L’apparition de la machine à vapeur a vraiment occasionné un changement, par son principe de conversion d’énergie thermique en énergie mécanique, elle a permis a permis de puiser dans de nouvelles sources abondantes

Aujourd’hui 80% de l’énergie consommée au niveau mondial  provient des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon). Les énergies bas carbones de représentent que 20% de notre consommation.

Nous avons actuellement un système très confortable qui nous donne accès à de nombreuses commodités. Si nous avons accès à autant de biens, c’est parce qu’ils résultent de productions massives par des machines alimentées par des combustibles fossiles. Il nous a été profitable jusqu’à présent. Alors, pourquoi vouloir le changer ?

Deux problèmes se posent à nous : la double contrainte carbone

C’est une affaire pressante car le réchauffement climatique représente une menace grave pour une large partie de l’humanité. L’épuisement des combustibles fossiles représente lui aussi un sérieux danger pour notre mode de vie. Total anticipe un déficit d’offre/demande mondiale de 10 millions de barils par jour à horizon 2025.

1re raison : le changement climatique : il est dû à un renforcement de l’effet de serre. Il représente une menace forte pour une grosse partie de la population et va entrainer des flux migratoires, l’augmentation du niveau des mers…

2ème raison : l’épuisement de ces ressources fossiles sur lesquels reposent nos modes de vie : Le pétrole est la source d’énergie la plus utilisée au monde, son épuisement nous oblige donc à revoir tout notre système.

Nous avons donc impérativement besoin de nous sevrer des combustibles fossiles car une sortie planifiée vaut mieux qu’une pénurie subie. Si on ne fait rien le marché va se tendre, les prix vont augmenter et entrainer une destruction d’activités. Il vaut mieux planifier notre sortie et commencer à adapter nos consommations à la situation.

Le point commun entre le changement climatique et les combustibles fossiles est que dans les deux cas il faut se sevrer des hydrocarbures fossiles. La différence est que le changement climatique est à l’échelle mondiale, il y a donc une « motivation à ne rien faire » car on attend que les autres bougent avant nous, ce qui conduit à l’immobilisme. A contrario, pour les combustibles fossiles, il y a un intérêt à agir, car même si les autres ne font rien nous avons intérêt à positionner notre industrie sur des marchés moins dépendants pour rester compétitif sur le long terme.

La crise de l’énergie actuelle est avant tout une crise du gaz.

Les extractions déclinent depuis de nombreuses années. Nous devons importer ce que nous n’extrayons pas dans notre pays.

Il y a deux moyens :

  • Le tuyau (le gazoduc), qui est le plus utilisé, car il permet de relier des pays pas trop éloignés.
  • Le GNL, gaz naturel liquéfié, transporté par navire. Son problème c’est qu’il est vendu au plus offrant. La Chine draine le marché du GNL, car elle est prête à payer plus cher. La guerre engagée par la Russie n’arrange rien, elle cherche à diminuer sa dépendance à l’Europe pour se rapprocher de l’Asie. Cela entraine une baisse de la quantité vendue et donc une hausse du prix. Le prix est passée de 20/30 euros par MWh avant 2021 à 200 euros par MWh actuellement.

Cette hausse des prix entraine une hausse de la précarité énergétique, des faillites industrielles (charges plus élevées pour les entreprises) ainsi que des crises alimentaires. Cette baisse de production joue aussi sur le prix de l’électricité. En réalité, ces prix ne sont que partiellement corrélés. Ils ne le sont que lorsque nous avons besoin de gaz pour produire de l’électricité, quand la demande est très élevée et que la production électriquement renouvelable et nucléaire est insuffisante.

Forcément quand le prix du gaz augmente, celui de l’électricité aussi. S’il y avait eu davantage d’investissement dans les énergies renouvelables et dans la rénovation thermique des bâtiments, les deux prix seraient beaucoup moins souvent corrélés et l’électricité serait donc moins chère.

Que devons-nous faire ?

Utiliser davantage d’énergies bas carbone tout en réalisant des économies d’énergie.

Pour réduire les émissions liées aux importations, il y a deux leviers :

  • Réindustrialiser pour profiter de l’électricité bas carbone en France: créer des industries compatibles avec nos engagements climatiques et nos enjeux sur les combustibles fossiles.
  • Changer nos modes de consommation en allongeant la durée de vie des produits (équipements réparables, recyclables etc…).

Nous disposons de trois moyens pour faire des économies d’énergie :

  • L’efficacité: service inchangé mais qui consomme moins d’énergie car il est mieux conçu, ex : appareil dont l’obsolescence n’est plus programmée
  • La sobriété: concession que l’on décide de faire pour moins consommer d’énergie, ex : ne plus prendre l’avion, baisser la température…
  • La pauvreté: économie non voulue, car on ne peut pas se l’offrir, ex : essence trop chère.

Plan d’actions à mettre en place

  • A court terme (environ 2 ans): nous pouvons mener des actions de sobriété, chacun doit fournir des efforts comme baisser le chauffage et privilégier les énergies bas carbone.
  • A moyen terme (10 ans): nous avons un peu plus de levier en misant sur l’efficacité, en isolant les bâtiments, en lançant un plan de sortie des chaudières à fioul, en développant les énergies renouvelables et en accélérant les procédures. Nous devons tout faire pour minimiser les actions des utilisateurs finaux.
  • A long terme: idem que pour le moyen terme + développer le nucléaire.

Nous sommes face à un défi de société qui nous concerne tous. Nous devons maintenant construire notre monde de demain. Le but de tout ça n’est pas de contraindre la population mais de préserver le service de mobilité face à une contrainte qui nous est imposée : l’accès de plus en plus difficile aux combustibles fossiles. Atteindre la neutralité carbone est au moins autant un défi de société que d’ingénierie.

Conférence 3 :  vers le numérique responsable, comment baisser le poids de nos actions technologiques ? Animée par Vincent Courboulay,

Replay de la conférence

Pour nous parler de ce sujet nous avons eu la chance de recevoir Vincent COURBOULAY, maître de conférences à l’Université de La Rochelle, co-fondateur et Directeur Scientifique de l’INR (Institut du Numérique Responsable).

Le numérique est un sujet qui intéresse tout le monde, son impact environnemental, social et sociétal nous concerne tous. Vincent fait d’ailleurs partie du comité d’organisation des JO 2024 pour réduire l’impact environnemental de l’évènement.

 Entre la fin d’un monde et l’émergence d’un nouveau

L’empreinte carbone représente la moyenne des émissions de gaz à effet de serre par habitant. Elle est estimée aujourd’hui à 10 tonnes de CO2 par personne. Nous sommes très loin de l’objectif de 2 tonnes, fixé par la stratégie nationale bas carbone pour 2050. Nous sommes face à une nouvelle injonction qui nous invite à aller vers une transition écologique alors qu’en parallèle nous consommons de plus en plus de numérique.

Nous sommes presque 5 milliards (sur 8) d’utilisateurs du numérique quotidiennement et 100 milliards d’entités en prenant en compte tous les objets connectés. Face à cette surconsommation, nous devons agir.

La réalité du numérique :

Aujourd’hui les entreprises les plus puissantes imposent leurs règles en nous disant ce qui est bien et ce qui est mal, notre société est redessinée par des entités qui décident pour nous. Apple a redessiné la réussite sociale, Facebook les relations sociales, Amazon

Voici les chiffres clés sur les données partagées toutes les 60 secondes sur Internet dans le monde en 2022 :

  • 5,9 millions de recherches effectuées sur Google,
  • 1,7 million de contenus partagés sur Facebook,
  • 66 000 photos partagées sur Instagram,
  • 347 000 tweets postés sur Twitter,
  • 2,4 millions de snaps envoyés sur Snapchat,
  • 500 heures de vidéo téléchargées sur YouTube,
  • 443 000 dollars dépensés sur Amazon,
  • 16 millions de messages textes envoyés,
  • 231 millions d’emails envoyés,
  • 90 millions de dollars dépensés dans les crypto-monnaies.

 

La face cachée du numérique 

Le monde du numérique n’est pas tout rose. Il a vu l’apparition de nouvelles formes de guerres comme les cybers attaques qui peuvent être très graves (surtout quand elles s’attaquent aux hôpitaux).

Un ordinateur portable de 2 kilos, pèse en réalité 800 Kg (200 kg d’énergies fossiles et 600 kg de minéraux). Sachant qu’on estime que les 5 milliards d’utilisateurs disposent en moyenne de 10 à 15 équipements individuels, nous sommes donc tous fautifs puisque c’est notre surconsommation de numérique (matérielle ou servicielle) qui crée l’impact.

Cela engendre de nombreux problèmes sociaux :

  • L’exploitation des enfants, des usines déshumanisées (scandale d’Iphone city), du stress, de la pornographie, des achats compulsifs…
  • De nombreuses émissions de gaz à effet de serre. Le numérique émet 4% des gaz à effet de serre du monde, pour comparaison l’impact de l’aviation civile est de 2% et celui de l’automobile de 8%.

Aujourd’hui le portait du numérique peut paraître dans la société comme brillant, enchanteur, attractif, sexy et dès que le rideau tombe devient un vrai serial killer.

Le numérique responsable comme outil de réconciliation.

Le numérique c’est comme une voiture, ce n’est ni bon ni mauvais. Nous devons accepter tous ses travers en essayant de diminuer tous ses impacts

C’est un outil que nous avons créé dans un contexte ultra- libéral, dirigé par Wall Street, il s’est nourri de cette réussite et est devenu à l’image de la société : égoïste, autocentrée, startupper, avide de « pognon » …  On ne peut donc pas lui en vouloir de ne pas être parfait….

Le numérique responsable regroupe toutes les démarches qui visent à :

  • Améliorer l’empreinte économique, sociale et environnementale du numérique.
  • Améliorer l’empreinte économique, sociale et environnementale d’autres processus grâce au numérique.

Le numérique responsable repose sur 5 piliers :

  1. Environnemental : énergies renouvelables, recyclage, conception responsable, rallongement de la durée de vie des appareils…
  2. Social : faire des actions 3U (utile, utilisable, utilisé), accessibilité, lutter contre l’illectronisme, fracture numérique(population n’ayant pas d’accès à internet ou pas de compétences numériques). Socialement parlant, un tiers des Français est soit en situation d’illectronisme, soit en situation de handicap visuel. Les services numériques aujourd’hui doivent prendre en compte ces deux handicaps sous peine d’élargir encore plus la fracture numérique.
  3. Ethique et responsable: RGPD, diversité, démarche RSE, égalité femme/homme…
  4. Durabilité: respects des normes, démarche collaborative de la conception, innovation.
  5. Emergence des nouveaux comportements et des valeurs: valoriser les initiatives internes, avoir des indicateurs de performances représentatifs de la cohérence et de la politique employée.

En résumé le numérique responsable, c’est une démarche qui consiste à :

  • Comprendre: les problèmes dans leur globalité, rien n’est simple, tout est complexe.
  • Mesurer: via des outils permettant une projection sur plusieurs années.
  • Décider: rôle des décideurs, avec de la constance.
  • Eviter
  • Réduire: politique des 5R : Refuser, Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler. Il s’agit de refuser d’acheter du neuf, de réduire ses achats en se demandant si on en a vraiment besoin. Le troisième R consiste à réutiliser ce qui peut l’être, puis, il faut tenter de réparer et si ce n’est pas possible le recycler.
  • Compenser: atténuation

Quelques actions possibles :

  • Il faut convaincre les décideurs d’agir dans ce nouveau modèle.
  • Avoir une personne référente qui prenne le lead sur le numérique responsable.
  • Mener une politique de gestion de projet: évaluer, former, définir des objectifs, établir un plan d’actions.
  • Communiquer en interne sur le projet.
  • Etablir une stratégie de financement.
  • Mettre en œuvre et suivre les actions pour une amélioration continue.

Les intérêts du numérique responsable sont multiples :

  • Reduction des impacts environnementaux.
  • Plus grande inclusion.
  • Meilleur service rendu.
  • Meilleure communication.
  • Réduction des coûts.
  • Levier d’innovation.
  • Création une cohésion d’équipe.

Le plus dur à faire pour une entreprise est de trouver l’histoire qu’elle veut raconter en écrivant un nouveau chapitre qui s’appuie sur le passé, dans lequel le numérique responsable trouve toute sa place car il est englobant (il concerne tous les services).

Aujourd’hui, le numérique responsable s’impose à nous. Nous avons deux possibilités, être acteur ou suiveur.

Conférence 4 : l’éco anxiété : comment réagi notre cerveau face au réchauffement climatique ? En partenariat avec la société Roole– animée par Albert Moukheiber, Ph. D

Lien replay de la conférence

Nous cloturons notre mois de l’impact en compagnie d’Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien, afin de nous éclairer des conséquences du réchauffement climatique sur notre cerveau.

Il aborde le terme de l’éco-anxiété, ce sentiment de détresse en lien avec le dérèglement climatique, qui s’impose aujourd’hui comme un enjeu de santé mentale important en France et ailleurs et qui pourtant n’est pas récent. Par cette conférence, nous allons tenter de comprendre pourquoi nous n’agissons pas face aux changements climatiques alors que nous savons tous que c’est urgent.

Lorsqu’une information arrive au cerveau on appelle cela une connaissance, elle est intégrée dans ce qu’on appelle une croyance (c’est notre vision, nos règles du fonctionnement du monde). Une croyance sur laquelle on veut agir est une intention. Une intention que nous manifestons dans le monde réel est une action.

Entre l’intention et l’action, il y a ce qu’on appelle « the intention/action gap », c’est par exemple la procrastination « je dis que je vais manger plus sain mais je ne le fais pas ». Des éléments viennent semer le trouble à ce fonctionnement, comme les fake news, des fausses croyances…

Aujourd’hui dans notre période de transition écologique, la majeure partie du problème se joue entre l’intention et l’action. Nous sommes conscients du problème, nous savons qu’il existe, nous avons d’ailleurs de fortes intentions déclarées sur le sujet et pourtant les actions ne décollent pas.  Quels sont ces facteurs entre « the intention/action gap » qui viennent nous empêcher d’œuvrer en faveur du climat ?

  • Les facteurs individuels

Nos habitudes :

Nous sommes conscients qu’il y a un problème et que nous devons agir, mais c’est plus simple pour nous de rester dans ce que nous connaissons.

Nos habitudes sont représentées par 3 zones : confort (choses habituelles), exposition (changement de comportement acceptable) et panique (changement trop radical).  Il faut prendre son temps pour passer d’une zone à l’autre. Mais le défi actuel nécessite une sorte d’urgence, nous devons agir vite pour l’environnement et cela peut vite devenir anxiogène.

L’impuissance acquise :

C’est un état psychologique qui provient du découragement que peut susciter la répétition de situations désagréables dont nos efforts ne permettent pas de sortir, ce qui implique que l’on finit par ne plus rien tenter pour faire changer les choses.

De nombreuses personnes sont conscientes du réchauffement climatique, mais ne font rien, car elles se sentent impuissantes. Le rapport coût vs impact est quasi nulle, donc autant ne pas le faire. Ma petite action n’aura pas de conséquences, donc pourquoi la faire ?

Exemple : « ce n’est pas parce que moi je recycle, que la fonte des glaces au pôle nord va s’arrêter. ».

L’illusion de connaissance

Elle est aussi appelée, l’effet Dunning-Kruger. Nous pensons souvent mieux comprendre le monde que nous ne le comprenons vraiment. Elle fait émerger une nouvelle forme de climatosceptique, certaines personnes ne nient pas le phénomène du réchauffement climatique mais ne voient pas l’utilité de changer leur mode de vie car ils font confiance au génie humain et estiment que la technique va nous sauver.

Exemple : « si moi je fais des efforts, mais que tout le monde s’en fout, pourquoi vais-je porter ces responsabilités tout seul. »

 

  • Les facteurs systémiques

Les normes sociales :

Elles sont des usages que l’on intègre sans que personne ne nous le dise et viennent créer des injonctions paradoxales, car elles sont construites sur des bases qui ne tiennent pas compte de la responsabilité écologique.

La diffusion de la responsabilité :

Elle consiste en un état passif qui rejette la faute sur les autres.

Exemple : « je pense qu’un autre va agir, donc je ne fais rien, mais l’autre pense comme moi, donc finalement personne n’agit. »

Le cerveau fonctionne de manière comparative :

Nous avons besoin d’une cohérence systémique en regardant ce que font les autres.

Exemple : « je ne vais pas travailler plus que mon voisin si c’est pour gagner moins »

Entre les dynamiques individuelles et celles du système il y a trois dynamiques systémiques qui peuvent mener à l’effondrement.

Selon Eliezer Yudkowsky, chercheur en intelligence artificielle, il existe trois scénarios qui peuvent mener à des situations catastrophiques pour un système. Au niveau du climat nous cumulons les trois :

  • Le premier, c’est lorsque les personnes qui décidentne prennent pas les bonnes décisions parce qu’elles n’ont pas intérêt à le faire (elles n’ont pas de « Skin in the game »,) ; elles n’ont rien à perdre donc ne s’impliquent pas personnellement.
  • Le deuxième, ceux sont lesinformations asymétriques : il y a des personnes dans le système qui ont les bonnes informations mais qui n’arrivent pas à les transmettre assez vite pour arrêter la catastrophe.
  • Le troisième, c’est quand on ala bonne décision mais qu’on n’a pas assez de coordination pour pouvoir la mettre en place (nous sommes tous d’accord sur ce qu’il faut faire, mais nous sommes trop nombreux et nous n’arrivons pas à nous organiser.)

Maintenant que nous avons établi le constat entre l’individu et le système, que pouvons-nous faire ?

A l’échelle individuelle, on ne peut faire pas grand-chose, car les problématiques sont systémiques mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas agir. Les écogestes individuels sont très utiles pour faire bouger le système. Nous devons envoyer des signaux forts pour systématiser (par des lois par exemple : on ne peut pas boire et conduire). Nous allons devoir convaincre, persuader, inciter et manipuler.

Il y a un gros travail de  communication à faire : connaître son public, considérer le niveau de connaissance préalable, confronter les fausses informations, adapter le cadre au besoin du public, mettre en évidence des solutions, raconter des histoires et utiliser les bons messagers et les bons moyens.

La solastalgie et l’éco anxiété 

Les deux termes sont différents :

  • La solastalgie: est liée à une douleur triste, à un état dépressif, elle est due au réchauffement climatique et est tournée vers le passé. C’est le fait de perdre quelque chose. Exemple aller voir un endroit où il y avait des coraux qui ont disparu à cause du réchauffement climatique.
  • L’éco-anxiété: est tournée vers le futur, c’est un état anxieux provoqué par les conséquences du réchauffement climatique. Elle n’est pas excessive ni déraisonnée.

Exemple : crise d’angoisse liée à notre surconsommation de plastique qui détruit la nature.

Le réchauffement climatique a des conséquences sur notre santé mentale : on sait que la pollution entraine la dépression, des troubles de l’attention, du stress, un impact sur les relations sociales, des addictions.

Il conclut, en nous indiquant que nous devons donc tous agir à notre niveau afin de afin que l’incitation individuelle mène à la transformation collective.

Encore un grand merci à nos intervenants qui par leurs pistes d’améliorations et leurs précieux conseils essayent de faire naître en nous une prise de conscience collective. Ces quatre conférences nous donnent toutes le même message « AGISSONS ».

Et comme ce n’est que le commencement et que la tâche à accomplir reste encore très longue, nous vous proposons de continuer à échanger et partager directement avec nous à l’adresse : impact@davidson.fr

 

Stay tuned, nous préparons déjà la troisième édition du mois de l’impact 😉