Chez Davidson, on explore en permanence de nouvelles façons de repenser la conception des services numériques, pour réduire leur impact négatif sur l’environnement.
Avec l’envie de partager et de grandir ensemble, on vous présente aujourd’hui notre référentiel d’écoconception : 150 bonnes pratiques inspirées des 5 référentiels clés : greenit.fr, Designers Éthiques, API green score, RGESN et AFNOR Spec AI Frugale.
Nous avons regroupé, structuré, agrémenté et catégorisé toutes les bonnes pratiques existantes au travers de six ateliers, afin que ces pratiques puissent être sollicitées au meilleur moment : lorsque le choix de conception a le plus de chance d’être posé.
Mais avant de découvrir ce référentiel, revenons d’abord aux prémices de ce projet 😉 !
Pourquoi faire de l’écoconception ?
Dans la récente mise à jour de son étude sur les impacts environnementaux du numérique, L’ADEME annonce un constant frappant : notre secteur émet désormais 29,5 millions de tonnes de CO2 par an (données 2022). Cela représente 4,4% de l’empreinte carbone du pays, presque autant que le secteur des poids lourds ! Et ce n’est pas tout : cet impact a augmenté de 18% par rapport à 2020. Il parait plus que jamais urgent d’agir pour réduire l’empreinte les émissions du numérique !

À ce rythme d‘augmentation, la contribution du numérique aux changements climatiques pourrait tripler d’ici 2050. Cela signifie que la limite planétaire climatique d’un Français moyen sera atteinte uniquement avec ses usages numériques.
L’étude nous apprend bien plus que cela. La méthodologie de prise en compte de la part des émissions liées aux datacenters a en effet été modifiée pour y intégrer les centres de données hors du territoire français. Avec cette nouvelle méthodologie, les datacenters représentent désormais une empreinte carbone quasiment équivalente à celle des terminaux utilisateurs, venant bouleverser la certitude établie que 80% des émissions provient des terminaux utilisateurs en France.
Si, jusqu’à présent, le message principal concernant les impacts environnementaux du numérique était que la majorité des impacts provenaient des terminaux utilisateurs, la réévaluation de la part des datacenters met en lumière la responsabilité du concepteur de service numérique vis-à-vis de l’impact des infrastructures de serveurs qu’il sollicite. Les données de 2022 ne prennent pas en compte l’augmentation considérable des impacts liés à la généralisation de l’intelligence artificielle générative. La tendance observée entre 2020 et 2022 risque malheureusement de s’accentuer dans la décennie à venir (stay tuned 😉, nous revenons cette année avec un nouveau rapport avec The Shift Project sur les impacts de l’intelligence artificielle). De ce point de vue, l’écoconception permet aux acteurs du numérique de contribuer à minimiser l’impact environnemental du secteur, dans un effort collectif pour enclencher la transition environnementale.
Ainsi, nous devons repenser notre vision de l’écoconception !
Quelles sont les co-bénéfices à la démarche, et comment celle-ci s’aligne avec les pratiques existantes ?
Au-delà des considérations environnementales qui justifient à elles seules des changements drastiques dans certaines pratiques de conception et la mise en avant de la sobriété numérique (cf. les scénarios de l’ADEME et de l’ARCEP pour 2030 et 2050), l’écoconception a l’immense avantage de s’aligner avec des paradigmes de développement déjà existants (et pour certains bien installés), qui font rapidement apparaître des co-bénéfices la rendant intéressante sous plusieurs aspects.
Voici notre vision de ses imbrications :

Regardons de plus près ce visuel pour voir comment les pratiques actuelles s‘alignent avec l’écoconception :
UX Research :
- Objectif : Comprendre les utilisateurs et leurs besoins pour concevoir des expériences utilisateur riches et intuitives.
- Alignement avec l’écoconception : L’UX Frugale – En cernant précisément le besoin de l’utilisateur, on évite de créer des fonctionnalités inutiles ou purement cosmétiques qui alourdissent le service, et donc on minimise son impact sur les ressources à solliciter pour le délivrer. Voir la notion de “GreenUX”.
- Intersections : L’accessibilité et l’UX Research se combinent en cherchant toutes les deux à créer des expériences utilisateur inclusives et parfaitement adaptées à tous les utilisateurs.
Scrum :
- Objectif : Livrer de manière productive et créative des produits de la plus grande valeur possible.
- Alignement avec l’écoconception : L’Agilité Frugale – En priorisant les fonctionnalités les plus porteuses de valeur dans le cycle de développement, on assure que le produit fini comportera un nombre restreint de fonctionnalités, et donc on minimise son impact sur les ressources à solliciter pour le délivrer. Voir la notion de “GreenAgile” de Green Agile.
- Intersection : L’UX et Scrum se combinent dans leurs objectifs de délivrer un service remplissant précisément le besoin de l’utilisateur, en excluant la complexité et le “gras” fonctionnel.
Finops :
- Objectif : Maîtrise fine des coûts associés à l’hébergement.
- Alignement avec l’écoconception : Le RightOps – En cherchant à minimiser la quantité de ressources nécessaires pour faire fonctionner le service à un instant donné de son cycle de vie, dans une optique d’optimisation des coûts, on réduit son impact en évitant de fabriquer de nouveaux équipements. Voir la notion de “GreenOps”.
- Intersection : Scrum et Finops se combinent dans l’optique de délivrer en continu des fonctionnalités sur une infrastructure parfaitement dimensionnée et limitant les surcoûts.
Software Craftsmanship :
- Objectif : Prône une vision artisanale du développement logiciel. Il ne suffit pas qu’un logiciel soit fonctionnel, il doit aussi être bien conçu, fiable et maintenable.
- Alignement avec l’écoconception : L’Ecocoding – En cherchant l’optimisation logicielle (réduction des temps de traitement, chasse aux dépendances inutiles, réduction des bundles), on permet au service de se déployer sur des infrastructures moins lourdes. Voir la notion de “GreenCoding” de la Green Code Initiative.
- Intersection : Finops et Software Craftsmanship se combinent dans leurs objectifs de minimiser la quantité de ressources nécessaires pour délivrer le service avec le niveau de qualité attendu.
Accessibilité :
- Objectif : S’assurer que tous les individus, quelle que soit leur condition, puissent accéder au service.
- Alignement avec l’écoconception : En cherchant une accessibilité complète, on s’assure que le service atteigne le maximum de sa cible d’utilisateurs et on évite la duplication de services dédiés.
- Intersection : Software Craftsmanship et Accessibilité se combinent dans l’optique de concevoir des interfaces accessibles à tous et compatibles sur tous les terminaux.
Bonne nouvelle : Si vous appliquez déjà certaines de ces pratiques, vous êtes déjà sur la bonne voie pour l’écoconception ! Beaucoup de ces réflexes sont déjà intégrés à vos projets, et certaines pratiques de ce référentiel vous paraîtront déjà familières👏 Félicitations, la moitié du chemin est déjà fait !
Cependant, appliquer des démarches comme Scrum, FinOps ou UX de manière isolée ne garantit pas que le service numérique minimise réellement son impact environnemental. Par exemple, un service cloud hébergé dans une région à haut mix électrique carboné pourrait être moins cher qu’en région à faible empreinte carbone. Dans ce cas, on aurait économisé sur la facture (FinOps), mais on aurait aussi accentué notre contribution aux changements climatiques. C’est bien l’application de tous ces paradigmes, alignés avec une vision systémique des impacts de nos choix de conceptions, qui pourra faire en sorte que notre produit numérique puisse s’intégrer dans une trajectoire de soutenabilité globale.
Adopter l’écoconception, c’est s’assurer de créer un produit répondant aux justes besoins de ses utilisateurs (Scrum), sur des parcours sobres, efficaces (UX), inclusifs et minimisant la facture numérique (Accessibilité), minimisant les couts d’hébergement (FinOps), de développement (Scrum), et de maintenance (Software Craftsmanship), et qui en plus de tout ça limite au maximum ses externalités négatives sur l’environnement. Et oui, tout ça à la fois !
Comprendre l’esprit de l’écoconception ! Notre manifeste pour l’écoconception des services numériques.
Maintenant que l’on est convaincus de tous les bienfaits de la démarche d’écoconception, et avant de se lancer dans une liste interminable de pratiques, il nous semble primordial de vous transmettre l’état d’esprit dans lequel elle s’inscrit.
Pour cela, quoi de mieux que de s’inspirer de ce qui a formidablement bien marché par le passé : l’agilité. Ainsi, nous avons écrit notre manifeste pour l’écoconception des services numériques.
Ce manifeste engage ses signataires à repenser leur manière de concevoir ces services et à mettre en œuvre tous les moyens permettant d’y parvenir en s’appuyant sur 4 grands principes pour guider cette démarche.
Nous faisons le choix de valoriser :
- Des services numériques répondant aux justes besoins de nos utilisateurs, plutôt que d’en créer de nouveaux.
- Une vision en cycle de vie complète et systémique, plutôt qu’une approche fragmentée en assemblage d’éléments isolés.
- Des plateformes ouvertes favorisant la réutilisation des données et des algorithmes, plutôt que la capitalisation sur des systèmes fermés.
- La transparence et la communication sur les impacts environnementaux, plutôt que l’ignorance ou la dissimulation de ces impacts.
Nous acceptons que :
- Tout nouveau système technologique aura des impacts négatifs sur l’environnement, même si celui-ci a été développé en suivant les meilleures pratiques d’écoconception.
- Chaque choix de conception aura une conséquence sur l’empreinte environnementale de notre service, et nous devons évaluer et suivre ces conséquences dès le début du processus de création.
- Les efforts pour diminuer l’empreinte environnementale de nos services sont continus et évolutifs, et nous nous engageons à progresser à chaque étape de la conception.
- Le potentiel de réduction des impacts liés à d’autres secteurs d’activité par la technologie ne va pas de soi et doit être démontré par une modélisation rigoureuse des impacts évités.
- Il est de notre entière responsabilité en tant que producteurs de services numériques de ne pas créer de sentiment d’obsolescence pouvant mener à un renouvellement prématuré des équipements de nos utilisateurs.
- L’écoconception nécessite un engagement collectif, intégrant les équipes, les parties prenantes ET les utilisateurs.
Nous appelons à la responsabilité des acteurs du numérique et à une transformation radicale des pratiques pour en contenir les impacts négatifs. Ainsi ce manifeste affirme notre engagement à intégrer l’écoconception dans la création, l’utilisation et la fin de vie des services numériques.
Le référentiel Davidson
Pour créer ce référentiel, nous avons sélectionné les bonnes pratiques les plus pertinentes à notre contexte, parmi les 296 pratiques issues des 5 référentiels principaux : Greenit.fr, Designers Éthiques, API green score, RGESN et AFNOR AI Frugale. Cette sélection est bien entendu totalement subjective et convient à notre réalité d’entreprise de conseil en technologie. C’est parce qu’elle ne conviendra pas totalement à toutes les équipes de développement que nous mettons également à disposition la base de données contenant la totalité des pratiques recensées, pour que d’autres puissent adopter notre démarche. -> Lien vers le fichier Excel.
Après cette sélection, le travail a consisté à catégoriser les pratiques et à les associer à un atelier, c’est le petit apport que nous faisons au matériel de base. Face à la quantité de bonnes pratiques à diffuser au sein des équipes, nous voulions déterminer le meilleur moment pour les avoir en tête. Ainsi, nous avons réparti les pratiques au sein de 6 ateliers, représentant le moment où le choix de conception a le plus de chance d’être discuté.

Ensuite, nous avons regroupé les pratiques similaires issues des différents référentiels pour en arriver à 150 au total. Chaque pratique a été réécrite sous forme de fiche, avec un style unifié et des ajouts issus de notre expérience et de notre compréhension du sujet.

Vous trouverez dans ce document des méthodologies, des outils, des conseils et bien d’autres choses que l’on vous laisse désormais découvrir.
Lien vers le référentiel : Manifeste pour l’écoconception des services numériques
On a hâte d’en discuter avec vous et de savoir ce que vous en pensez ! Notre objectif ? Que cette modeste contribution pousse notre profession à prendre enfin toute la mesure du rôle qu’elle doit jouer dans le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. Si ce document arrive à inspirer de nouvelles pratiques et à embarquer de nouveaux acteurs du changement, alors mission accomplie !